Nous publions la motion relative au budget 2025 du Lycée Général et Technologique (LGT) Claude Monet au Havre, lue et votée le jeudi 21 novembre 2024 lors du Conseil d'Administration (CA) de l'établissement.
Les membres du CA du LGT Claude Monet au Havre dénoncent la baisse des crédits pédagogiques pour l’année scolaire 2025.
Cette diminution résulte de la baisse de la part « enseignements » de la dotation globale de fonctionnement allouée par la région Normandie à notre établissement. Cette part « enseignements », qui doit permettre le bon fonctionnement pédagogique du lycée, est en diminution de 20 858 € (soit 14,68 %) alors que le nombre d’élèves accueillis est en baisse de 44 élèves (soit 3,72 %). Ainsi, la part « Enseignements » rapportée au nombre d’élèves accueillis passe de 120 € en 2024 à 106 € en 2025 (soit 11,6 % de baisse). À cela s’ajoute la perte des 14 208 euros sur l’enveloppe des projets éducatifs.
Cette décision de la région Normandie est d’autant plus inacceptable quand on sait que depuis 2017, cette dernière a multiplié par deux la dotation moyenne par élève de l’enseignement privé (source médiapart, 26 août 2024) qui, contrairement à l’enseignement public, dispose de sources de financement complémentaires (frais d’inscription des familles, dons et parfois mécénat). L’argent public doit aller aux établissements publics, cette dérive est scandaleuse.
Si l’inflation ralentit en 2024 à 1,10% selon l’Insee, elle doit être prise en compte en plus de ces baisses déjà inadmissibles.
Ces décisions se font dans un contexte de baisses permanentes de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) attribuée par l’État aux collectivités territoriales et impactent ainsi directement le développement des Services Publics dont les collectivités ont la responsabilité. L’évolution de la DGF dans les projets de loi de finances révèle ainsi une baisse de 34% entre 2013 et 2025 (41,5 milliards d’euros en 20131 à 27.24 milliards d’euros pour 20252.
De plus, le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 prévoit une baisse de recettes de 5 milliards d’euros pour les Collectivités Territoriales. C’est une cure d’austérité insupportable. Nous refuserons que nos élèves paient le coût de ces choix irresponsables, car d’autres solutions existent pour permettre le développement des Services Publics.
Par ailleurs, la libéralisation du marché de l’énergie depuis les années 1990 en Europe entraine une explosion des coûts de fonctionnement pour les collectivités. En effet, le « dogme du marché » a fait grimper le prix de l’électricité alors que son coût de production en France est resté relativement stable.
Au niveau économique, il est possible d’investir massivement pour le Service Public d’Education, ce n’est pas l’argent qui manque : la France est « championne d’Europe » pour le versement de dividendes et conforte sa place de leader européen en la matière3. L’accumulation de richesse par les grandes fortunes s’accélère en France. L’argent détenu par les 500 familles les plus riches a dépassé les 1 200 milliards d’euros en 2024 (Challenges, 2024)4. Au regard du PIB, la fortune des 500 familles représentait 6% du PIB français en 1996, 20% en 2017 et 45% en 2024 !
La commission des finances à l’Assemblée Nationale a d’ailleurs fait la démonstration qu’il était possible de « trouver 60 milliards d’euros » (montant demandé par le Premier Ministre) sans s’en prendre aux Services Publics (Collectivités Territoriales et ministères). Une meilleure répartition des richesses est donc possible… Et souhaitable pour l’avenir des établissements publics.
C’est pourquoi les membres du CA ne peuvent pas valider une telle baisse de moyen qui ne permettra pas à notre établissement de fonctionner correctement au cours de l’année 2025. Nous demandons à la région Normandie de revoir à la hausse la dotation globale de fonctionnement attribuée à notre lycée.