Le Havre, le 20 octobre 2021
À l’occasion du conseil d’école du 15 octobre 2021, les soussignés, enseignants, représentants des parents d’élèves, élus de la commune associée de Rouelles et DDEN ont longuement échangé autour de la problématique de l’inclusion d’enfants à besoins particuliers au sein des classes.
Depuis plusieurs années déjà, nous relevons lors des conseils d’école les difficultés engendrées par ces inclusions, difficultés dues au manque de moyens matériels, humains, et de formation.
La situation au sein de l’école Paul Mulot en ce début d’année est alarmante, et n’est pas isolée. De nombreux enfants à besoins particuliers, notifiés MDPH, en attente de notification, avec ou sans suivis extérieurs, sont accueillis dans les 9 classes de l’établissement. Mais les moyens sont absents pour que les enseignants puissent mener à bien leur mission dans les meilleures conditions pour tous.
Le manque d’AESH est connu depuis longtemps, il est criant cette année. Les personnes occupants ces postes se voient confier 4, 5, 6 enfants dans la semaine, sur deux voire trois établissements. Chaque enfant ne peut donc espérer plus de 4h d’aide en classe (quand on a soustrait les récréations, les déplacements des personnes). Des enfants notifiés en cours d’année n’ont à ce jour aucune garantie de pouvoir bénéficier de l’aide à laquelle ils ont droit. En outre, ces aides, bien que précieuses, ne répondent que très partiellement aux besoins de beaucoup de ces enfants, qui tireraient meilleur bénéfice d’un enseignement particulier, en petit groupe, dans des locaux plus adaptés à leur épanouissement ou sur un temps quotidien moins loin. La diminution drastique des classes Ulis, des places en établissements spécialisés (CROP, IME...), et le manque important de places dans les dispositifs SESSAD entraînent ces inclusions sans moyens. Un groupe classe de 24 élèves en moyenne, avec 2 ou 3 élèves à profil particulier, plusieurs élèves en grande difficulté, des enfants TDA ou TDAH devient rapidement difficile à faire fonctionner. C’est pourtant le profil de classe de plus en plus courant auquel les enseignants sont confrontés.
Autour des classes devrait également graviter une équipe d’aide et de ressources très spécialisées (type SESSAD), afin de travailler à cette intégration. Le constat du conseil est de nouveau alarmant. Pour l’établissement Paul Mulot, nous bénéficions :
Ces personnes interviennent en élémentaire et en maternelle pour le même temps donné. De fait, la constitution de dossiers de suivi, de dossiers MDPH, de dossier d’orientation, et le suivi des élèves, sont particulièrement difficiles à gérer.
Le manque de formation spécifique est également un problème. Même si elle est demandée, et fortement souhaitée, celle-ci est très exceptionnellement proposée aux enseignants. L’auto formation prédomine actuellement, mais n’est pas suffisante pour que les enseignants se sentent parfaitement à l’aise face à la diversité des profils maintenant présents dans les classes. Et le temps manque aussi pour les échanges dans l’équipe ou avec des interlocuteurs extérieurs, qui pourraient être formateurs et aider certains enseignants qui se trouvent parfois en difficulté.
Le manque de moyens dédiés aux adaptations et installations parfois nécessaires en classe est aussi flagrant. Lors des rares formations ou des échanges que l’on peut avoir avec des professionnels du handicap, on parle bien souvent aux enseignants d’objets « simples » qui peuvent aider les enfants (coussins à picots, jeux adaptés, objets de transition du stress, casques anti bruit, minuteurs ....). Aucune ligne budgétaire n’est dédiée à ces achats, les enseignants doivent une fois de plus trouver des solutions de bricolage ou de financement pour le bien être des enfants. L’achat de fichiers pédagogiques adaptés, de logiciels parfois (car tous ne sont pas gratuits) s’ajoutent à ces coûts, tout comme la fabrication de documents ou supports adaptés.
A l’évocation de l’ensemble de ces considérations, le conseil d’école conclut que cette situation s’apparente à de la maltraitance. Maltraitance des enfants à besoins particuliers, qui ne sont pas aidés à hauteur de leurs besoins par manque de moyens, maltraitance des autres enfants dans les classes, qui bénéficient forcément de moins d’attention de la part des enseignants déjà beaucoup sollicités par ailleurs, et qui subissent un climat de classe plus bruyant et perturbé, maltraitance des AESH, qui se voient confier des missions qu’ils ne peuvent mener (comment aider correctement un enfant en 3 ou 4 heures par semaine ?), maltraitance enfin des enseignants, qui sont confrontés à des classes avec des niveaux, des compétences, des attitudes tellement disparates que la simple tache d’enseigner en adaptant à chacun et en gérant chaque spécificité devient une difficulté épuisante tant physiquement que moralement.
Face à ces constats particulièrement alarmants, l’ensemble des enseignants, représentants des parents d’élèves, élus de la commune associée de Rouelles et DDEN exprime à travers cette motion votée à l’unanimité le souhait que soient pris en compte ses inquiétudes, et que des réponses soient proposées, tant en moyens humains qu’en moyens financiers.