Lettre envoyée le 19 mars 2021 au ministre de l'Éducation Nationale par les représentant⋅e⋅s des parents d'élèves des écoles havraises Paul Langevin et Jean Zay ainsi que les représentant⋅e⋅s des parents d'élèves des collèges havrais René Descartes, Théophile Gautier, Claude Bernard, Raoul Dufy et Jean Moulin.
Monsieur le ministre,
Nous sommes des représentant⋅e⋅s des parents d’élèves de différents collèges et écoles publics havrais.
Nous sommes engagé⋅e⋅s et nous portons attention à la situation du service public de l’Éducation nationale pour offrir le meilleur à nos enfants.
Les derniers conseils d’administration des établissements ont vu naître des motions pour dénoncer des conditions d’enseignement inacceptables pour la rentrée 2021 et refuser la répartition de la dotation horaire globale (DHG) proposée.
Nous questionnons les finalités des mesures prises par le ministère de l’Éducation nationale.
Cette constatation vaut pour tous les établissements et quel que soit l'établissement et le niveau (maternelle, primaire, collège, lycée et y compris l'enseignement supérieur).
Or si l'une des ambitions d’une institution telle que l’Éducation nationale est de rechercher une meilleure mixité sociale et d’améliorer le bien-être de tout⋅e⋅s, élèves et personnels, les moyens humains et financiers doivent être à la mesure de cette ambition.
Nous avons donc instauré des temps d'échanges à ce sujet, ouverts à tous les parents d'élèves qui le désirent, pour avoir une meilleure connaissance de la situation des établissements scolaires publics havrais.
Cela nous a permis de soulever un certain nombre de questionnements dont nous souhaitons vous faire part.
Tout d'abord, concernant la Dotation Horaire Globale (DHG) dans les collèges et les lycées, nous ne comprenons pas que celle-ci soit votée avant les affectations des élèves. Pour les collèges, la DHG est votée le 19 mars alors que les parents émettent leurs vœux à compter du 22 mars, les affectations définitives n'étant communiquées que vers le 20 juin.
Deuxièmement, les heures postes sont souvent diminuées au profit des heures supplémentaires, lorsqu'elles ne sont pas diminuées tout simplement. Cela oblige certains enseignants à être affectés à des postes au sein de différents établissements. Voilà qui est néfaste au développement, au suivi des projets et complique l'implication des professeurs à un moment où équipes enseignantes et élèves traversent une « crise inédite ». Nous sentons des équipes pédagogiques en souffrance alors qu'elles aiment leur travail. Leur motivation et leur implication sont des éléments fondamentaux pour le bien-être et la réussite de nos enfants.
Troisièmement, nous constatons une diminution de l'offre du service public, lorsque les propositions des établissements privés se développent, en terme d'options mais aussi d'activités périscolaires. Nous ne comprenons pas ce fait. Le but d'une scolarité n'est-il pas d’acquérir des connaissances tout en devenant citoyen en ayant un accès identique à l'éducation, sans discrimination territoriale ? Cet aspect nous semble totalement mis de coté aujourd'hui. D'une manière générale, le nombre de personnel encadrant dans les établissements diminue ce qui laisse la place au développement de situations délicates voire dangereuses (violence entre adolescents, cyberharcèlement, décrochage scolaire etc...)
Le manque de moyens en personnel impose un choix pédagogique, comme la suppression de certaines options bilangues ou sections culturelles et sportives. Comment alors permettre aux jeunes de s'ouvrir à la culture, quand cette baisse de moyens entraîne une perte de confiance en soi et une auto-censure vers les filières universitaires longues, au profit de l'enseignement professionnel.
Nous entendons souvent que les baisses de moyens découlent d'une baisse démographique alors que depuis 2010 le nombre de classes est quasi stable (+0,5%) et que les effectifs de collégiens ont augmenté de près de 6%. Ce qui donne par conséquent une augmentation du nombre moyen d'élèves par classe de 5,4% durant cette période. Ne serait-ce donc pas au contraire plus opportun dans ce moment difficile d'allouer des moyens supplémentaires à l'éducation de nos enfants où nous entendons depuis plus d'un an que nous le traverserons « quoi qu'il en coûte »?
Enfin, nous aimerions avoir accès aux chiffres (du public comme du privé) qui permettent les prises de décision. Lors de nos différentes rencontres avec les représentants académiques et les élus locaux, des indicateurs sont évoqués sans que nous ne puissions jamais les consulter.
L'urgence de la situation implique une réponse immédiate de votre part. Il faut instaurer un système éducatif inclusif qui garantit l'égalité d'accès à l'éducation.
Cordialement,
Les représentant⋅e⋅s des parents d'élèves des écoles havraises Paul Langevin et Jean Zay
Les représentant⋅e⋅s des parents d'élèves des collèges havrais René Descartes, Théophile Gautier, Claude Bernard, Raoul Dufy et Jean Moulin.